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Otium
13 mai 2008

Gling ! un amour de supermarché, créé par Bertrand Ferrier et aussi par Alexandre Jeannette

Hachette Livre, Le livre de poche, Jeunesse, section "adolescents - Histoire de vies" (rien que ça), publie ce roman en 2003, puis 2007.

glingL'histoire : Lozère Jean et Colombine sont deux adolescents qui s'aiment. Ce qui est le plus intéressant dans cette histoire (d'amour), c'est qu'ils se retrouvent à Gling!, le super supermarché.

Notre avis : Bertrand Ferrier critique notre société de grande consommation, notre habitude à se comporter comme des moutons sans réfléchir, etc, etc. Bref.
Le tout est servi avec un humour décapant (là, l'auteur ajouterait que cet humour lui serait donc utile pour nettoyer ses toilettes ou quelque chose comme ça). Toutes les expressions usuelles et les stéréotypes sont (ré)actualisés : nous nous rendons compte ainsi que nous disons vraiment n'importe quoi, et, en plus, sans grande originalité.
Mais ce n'est pas la seule source de rire. L'auteur joue avec tout. Tous les mots, toutes les expressions, toutes les situations, toutes les associations (etc.) provoquent le rire. Il faut donc adopter un nouveau mode de lecture. Il faut prendre le temps de déguster chaquer mot (encore une ineptie de notre langue, ou plutôt de l'usage (débile) que j'en fais).
L'auteur utilise tous les ressorts de l'imprimerie pour faire de son livre une oeuvre unique mais surtout novatrice. Ainsi :
- Les notes apostrophent le lecteur. Le narrateur est sensé être l'auteur. Les jeux s'installent donnant lieu à une seconde histoire : l'histoire du livre, de sa rédaction, de son édition. Bref, un méta-livre savoureux car toujours créé avec humour.
- Des petits dessins séparent les paragraphes et entourent les numéros de page : ça ne sert à rien mais c'est une jolie attention.
- Des affiches sont intégrées dans le corps du livre, etc.
Mais surtout : la musique entre dans le livre et, cette fois, sans intégration de CD, CD-rom, DVD ou je ne sais quoi. Deux partitions sont livrées en fin de texte. L'auteur ne s'est pas arrêté là : tout le livre est en musique. Grâce à l'intertextualité, de nombreuses paroles sont cachées dans le texte : au lecteur de les trouver. Si certaines sont aisément repérables, d'autres sont plus subtiles. Cependant, ne soyez pas trop jeunes sauf si vous êtes un accro de musique (surtout celle du siècle passé).
Le lecteur doit donc posseder de grandes compétences lectorales pour s'approprier l'ensemble de l'oeuvre et sa richesse littéraire. Nous sommes d'ailleurs certains que quelques références nous ont échappé.
Les jeux de mots sont souvent créés grâce à la typographie barrée. Ex : "Victor Hugo Boss". Bon, après, on est adepte de ce genre d'humour ou on ne l'est pas. Nous, nous le sommes.
Quelques regrets d'impression : la double barre est parfois mal placée sur les lettres ; certains mots sont mal découpés (p. 170) ; les pages des éditions livre de poche "bavent" les unes sur les autres.
Tout ça n'est pas dû à l'auteur, évidemment.
Bref : ce livre est d'une grande richesse littéraire. Chaque mot est pesé. Aucune banalité n'est acceptée. Nous ne dévoilons pas tout pour laisser de la surprise aux lecteurs.
Cependant : eh oui, après tant d'éloges, nous trouvons encore quelque chose à ajouter. Certes, c'est drôle. Certes, c'est original. Certes, c'est une bonne critique de notre société. Certes, tout cela est rondement mené et semble parfait. Mais voilà que l'on s'ennuie. Pourtant nous apprécions l'humour de l'auteur. Mais, à la moitié de l'ouvrage, les blagues commencent à devenir redondantes et l'intrigue n'étant pas palpitante, rien ne pousse réellement à poursuivre la lecture. De même que nous ne lirions un livre de blague d'une traite, de même il est difficile d'achever ce roman. La curiosité finit par l'emporter et l'on poursuit la lecture, ne serait-ce que pour l'humour, le style et les nouvelles critiques.
Bilan : Nous l'avons dit : c'est bien, novateur, original, stylé (qui a du style et, dans le cas présent, un bon style), drôle, anti-tout-ce-qui-se-fait-actuellement et nous aimons. Conseil : lisez aussi tout ce qui ressemble à du paratexte, c'est là que se cache le meilleur. Donc, commencez par entrer dans le monde de Bertrand Ferrier en lisant (attentivement) le glossaire, l'avertissement, les premières pages et achevez avec les remerciements etc.
Mais, comme dirait l'auteur, vous faîtes comme vous voulez.

Mirabilia.

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Commentaires
B
Très juste remarque, Mirabilia : un humour décapant est fort pratique quand il faut faire la vaisselle. On sort une blague très décapante, et hop ! la plaque encrassée est comme neuve.<br /> L'astuce qui tue (et non l'astue qui tuce, ça ne veut rien dire) : attention ! Il ne faut pas confondre l'humour décapant et l'humour corrosif, trop dangereux pour faire la vaisselle.<br /> <br /> Ici, le lecteur fatigué peut faire une pause. On est à peu près au milieu du message, c'est ce qu'on appelle un noeud narratif, comme le rappelle Georges Perec dans "Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?". Non, ça n'a aucun rapport, c'était juste histoire de se détendre les yeux avant de passer à la seconde partie du message.<br /> Que voici.<br /> <br /> L'oeil de l'expert : prudence ! Même lorsque l'on souhaite faire le ménage en se ménageant, mettre un disque simple et funky ne suffit pas, hélas, à exécuter les tâches domestiques ni à faire disparaître les taches de moustique, par exemple. En effet, même quand la musique sonne, sonne, sonne, sonne, même quand elle donne, donne, donne, donne, même et y compris si elle est fun, fun, fun, fun, bref, même quand la musique est "bonne, bonne, bonne, bonne", ça ne veut pas dire qu'elle est "femme de ménage, femme de ménage, femme de ménage, femme de ménage".<br /> Eh non.<br /> C'était Bertrand Ferrier en direct du rayon "Ménages et accessoires" de Gling.
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