Un lendemain pas comme les autres, écrit par David Le Breton

Belin, "Charivari", 2008.

L'histoire : Tom veut absolument sauter de la grue, même si c'est risqué. Chris joue au jeu du foulard. Amina ne supporte plus le mépris de son père. Ces ados se défient, se prouvent, se testent... découvrent la vie.

Notre avis : Voici un texte osé qui interpelle le lecteur comme un cri.
Pour une fois, l'auteur ne dénonce pas des banalités avec un ton moralisateur ou ne cherche pas à montrer la haine classique de l'adolescent des cités, etc. Bref, les clichés sont loin. Et pourtant, les thèmes sont les mêmes. L'auteur parvient en effet à créer un revirement. Expliquons-nous. Habituellement, les crises d'adolescence sont des prétextes pour créer une littérature politique et militante ou une littérature noire, dit-on, c'est-à-dire qui aborde les thèmes dits sensibles, et qui sort la panoplie des trucs et astuces pour perturber le lecteur. Que cela marche et que cela ne soit pas dénué d'intérêt nous n'en doutons pas. Mais, nous pensons que le défi relevé par l'auteur élève son oeuvre au sommet de la pile des romans qui-parlent-des-cités-et-des-jeunes-en-difficulté. En effet, le style de l'auteur "ne cherche pas à". A séduire, à faire dire "oh ! c'est bien écrit" ou "oh ! mais oui, c'est horrible". Par des mots simples et très phrases courtes, l'auteur énumère les faits commes des constats. Ni parti pris, ni jugement ne viennent gâcher les portraits d'adolescents.
Et ces portraits sont nombreux, multipliant ainsi les possibles d'identification et permettant un tableau élargi de la société. Et finalement, c'est grâce à la distance instaurée que le texte touche son lecteur : le constat nous saisit, les situations nous bouleversent et les portraits d'adolescents déclenchent diverses émotions. Le bilan est sans appel, le lecteur fait lui-même la conclusion grâce à l'incitation à la réflexion.
Bémol : la couverture, encore une fois. Cette collection nous plaît, nous avons hâte de découvrir d'autres titres, nous espérons sincèrement que les illustrations de couverture seront moins enfantines et que cette bande rouge sera moins présente.
Bilan : un roman touchant, saisissant par la réalité des constats.

Mirabilia.