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Otium
5 avril 2009

La mort, j'adore !, écrit par Alexis Brocas

Sarbacane, "eXprim'", 2009.

La_mort_j_adoreL'histoire : Clémence est grosse et moche. Son visage est acnéique, ses dentslogo___lire sont baguées et son expérience de la vie populaire est inexistante. Après un coma éthylique, elle redécouvre sa véritable nature : elle est une démone envoyée sur Terre.

Notre avis : Voici un roman époustouflant comme il est difficile d'en trouver. Tibo Bérard, le directeur de la collection "eXprim'" nous montre encore une fois qu'il ne publie que de grands romans de qualité ! L'auteur nous offre à lire son second roman, qui est, il faut le dire, une merveille.
D'abord l'histoire. D'une grande originalité d'invention, elle surprend le lecteur qui reste ainsi captif jusqu'au dénouement. En effet, nous n'attendons que de savoir la fin, sans pour autant se presser pour lire car chaque séquence est passionnante et bouleversante. Les personnages sont loin d'être des types, bien qu'ils en aient parfois l'apparence. L'auteur a choisi de construire l'intrigue en faisant preuve d'un excellent choix : la narratrice se confie à un journaliste. Les temps de la narration et de l'histoire se relaient et nous plongeons avec délice dans chacune de ces phases temporelles. Analepses et prolepses nous maintiennent sans cesse en alerte : nous cherchons les indices, tentons de recontruire l'histoire et remuer notre cerveau ainsi nous procure la plus grande des satisfactions. Pourtant, le dénouement reste inattendu. Nous insistons sur le fait que, bien que le lecteur cherche à reconstruire et à créer des liens, chaque épisode est captivant. Il ne s'agit donc pas seulement d'un casse-tête, loin de là.
Ensuite, le cadre narratif. Nous lisons des enregistrements et suivons les pensées de la narratrice (ne criez pas au scandale, ce paradoxe est expliqué). L'innovation est grande et cela fait plaisir de constater que les jeux sur les focalisations et les modalités d'énonciation peuvent encore être source d'invention et de création (et que cela soit réussi). Les jeux de va-et-vient sont permanents et nous apprécions de constater que même l'énonciation est source de commentaires linguistiques. Les pseudo-clichés et autres attentes supposées sont ainsi mises en valeur et montrées comme telles. Du grand art.
Enfin, la symbolique. Elle est permanente et l'analyse serait infinie. Chacun y verra donc ce qu'il souhaite. Notons simplement que les références sont nombreuses, les liens davantage encore. Nous apprécions ce codage, qui peut cependant rester incompris, l'histoire n'en dépendant pas.
Nous apprécions aussi les références évidentes (non cachées) à notre monde le plus contemporain possible. Certains diront que ce roman est ainsi condamné à n'être lu qu'à un moment donné. Il faudrait être sot pour croire qu'un roman qui fait référence à une époque n'indique pas des éléments qui lui font écho et il serait dommage de condamner ainsi ce grand roman, preuve que la littérature d'aujourd'hui existe et est talentueuse.
Pour finir, nous précisons que nous aurions souhaité en dire encore davantage tant ce roman mérite d'être présenté longuement. Le travail qui a été fait est exemplaire. Chaque passage donne envie d'analyser, de relire, ou simplement de savourer. Chaque phrase est en effet très travaillée et pourrait devenir une citation source de réflexion. Notons aussi qu'aucune faute d'orthographe ne vient gâcher la lecture, ce qui est un fait rare actuellement (nous avons seulement remarqué deux doubles espaces, ce qui n'est donc pas dramatique).
Rassurons l'auteur, oui, nous avons remarqué. Cela répond à la question qu'il s'est forcément posé : mais est-ce que les lecteurs vont faire le rapprochement ? vont remarquer ? vont comprendre ? La réponse est donc positive.
Bilan : Un coup de coeur ! Ce roman, très travaillé (l'histoire est captivante et originale, la construction novatrice et réfléchie, les symboles nombreux, etc.), nous fait remercier l'auteur ! Voici une oeuvre d'art ! Savourez donc cette expérience artistique au plus vite !

Mirabilia

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Commentaires
T
Un immense, immense merci à Mirabilia pour cette chronique fouillée qui a fait rougir l'auteur de plaisir (et nous donc)<br /> <br /> Tibo<br /> Sarbacane, exprim'
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