Le photographe, écrit par Mano Gentil

Syros, "Les uns les autres", 2006, réédité en 2009.

L'histoire : Il est agent comercial et aussi photographe. Cette deuxième fonction n'a rien à voir avec les clichés : le principe est de tenir la tête des gens qui passent sous la guillotine. Il ne faudrait pas que les condamnés se rétractent !

Notre avis : Nous oublions aujourd'hui que la peine de mort était encore un sort possible pour les condamnés français, il y a quelques années. Ce roman présente les pensées d'un personnage important dans cette sorte de cérémonie. Nous découvrons alors une face souvent méconnue des exécutions : l'aspect mécanique et organisé de la tâche. Pourtant, nous percevons rapidement que, derrière tous ses gestes d'automate, M. Umbert ne cesse de penser à l'acte pratiqué. Le glissement vers ces pensées profondes est mené avec talent par l'auteur. En effet, nous entrons dans l'esprit du personnage en passant par le récit de faits quotidiens. Mais l'ampleur des pensées envahit tout, jusqu'au moindre geste.
Le récit n'est jamais perverse ou sadique, nous gardons le statut que souhaite avoir le personnage : un regard extérieur sur les événements. Mais la limite est fragile.
L'écriture parvient à bien retranscrire les pensées d'un personnage possible et tous les clichés sont évités. Vraiment, ce texte est réussi. Le sujet n'est pas évident et les choix de l'auteur sont très pertinents.
Bilan : un roman qui permet de ne pas oublier. Une écriture habile qui fait connaître un personnage réaliste.

Mirabilia